Morinda citrifolia plus connu sous les noms de Noni, Nono, Kowosol chien et j’en passe est un arbre tropical de la famille des Rubiaceae.
C’est un bel arbre pouvant atteindre une hauteur de 6 mètres.
Ses feuilles sont longues et vertes, avec des nervures marquées.
Ses fruits possèdent une couleur variant du vert au blanc, en passant par le jaune selon son stade de maturation et sont recouverts de formes alvéolaires appelées syncarpes. A l’intérieur des fruits, on retrouve de nombreuses graines non comestibles d’environ 4 mm de longueur.
Une des caractéristiques que l’on connait bien, si on est un habitué du fruit, est son odeur repoussante de fromage fermenté et son goût amer.
Pourtant, je me souviens bien de ma mère buvant le jus préparé avec les fruits du jardin (et essayant de me convaincre d’en boire malgré son odeur désagréable).
Alors pourquoi un tel succès ?
Common name | Noni | Korossol a chien |
Other name(s) | Creole : noni, bilenbi, fèy frèt, koross chyen, ponm makak Inde : Indian mulberry, nuna, ach |
Scientific name | Morinda citrifolia L. |
Family | Rubiaceae |
Origin | Asie et Australie |
Part(s) used | Feuille et fruit |
Main active ingredients | Anthraquinones, Iridoïdes, flavonoïdes, lignanes, coumarines |
Associated property(ies) | Activité anti-hypertensive | Pouvoir antioxydant | Anti-inflammatoire | Antivirale | Antidiabétique |
On situe l’origine du Noni en Asie, où il s’est ensuite étendu aux îles du pacifique (Polynésie, Tahiti, Hawaï). Il a par la suite été exporté par l’homme en Afrique occidentale et dans les Caraïbes, notamment en Guadeloupe et Martinique vers 1782.
Le noni a été considéré, malgré son odeur et son gout repoussant, comme un fruit de famine dans certaines régions où il servait surtout de nourriture pour les porcs. Les feuilles, qui sont grandes avec une bonne résistance à la chaleur, peuvent servir d’enveloppe pour chauffer des aliments en papillote. Les jeunes feuilles de noni sont également consommées comme légumes.
Mais l’usage la plus courante est médicinal. Plante miracle à en écouter certain, l’utilisation des différentes parties de l’arbre comme remède est ancienne et variée.
Les feuilles sont traditionnellement utilisées pour soigner divers problèmes cutanés en application locale comme les brûlures topiques, les piqures d’insectes, les furoncles, la teigne. En usage interne, les feuilles sous forme de macérât, infusion ou décoction, servent à soulager les maux de tête, les douleurs névralgiques, baisser les fièvres, les crampes menstruelles, les douleurs rhumatismales, etc.
Les fruits, quant à eux, soignent les plaies dans la bouche, la desquamation ou gerçures des orteils, les furoncles, boutons, tuberculose, diabète, troubles cardiaques, brûlures d’estomac, mal de gorge et bien d’autres choses.
Depuis quelques années, le noni a connu un engouement mondial notamment pour son jus vendu de plus en plus dans les pays occidentaux, ou il n’était peu ou pas connu.
Et oui, le fameux jus obtenu par fermentation des fruits que préparait ma chère maman est aujourd’hui vendu par plusieurs entreprises dans le monde entier. Mais on retrouve maintenant des compléments alimentaires à base de noni, des crèmes et autres produits cosmétiques en contenant.
Alors est-ce que ca en vaut le cout ?
Afin de répondre à cette question, les recherches et publications scientifiques sur le noni se multiplient depuis quelques années, permettant d’avoir une meilleure compréhension du panel d’utilisation que nous offre cet arbre.
Le fruit regorge à 90 % d’eau et 10% de matière sèche, dont 5% de sucres réducteurs (glucose et fructose) et 1,3% de saccharose.
Il est riche en protéines (11,3%) avec comme principaux acides-aminés de l’Acide glutamique, de l’Acide aspartique et de l’Isoleucine (acide aminé essentiel) et en minéraux (10 à 12 %) avec du calcium, soufre, potassium, magnésium, sodium, phosphore ainsi que des traces de sélénium.
Les principales vitamines sont l’Acide ascorbiques (Vitamine C) avec 250 mg pour 100 g de matière fraîche, de la Niacine (Vitamine B3) et de la Vitamine A.
Le fruit possède des iridoïdes, ce sont eux les responsables de l’amertume et donc du goût peu ragoutant du noni. L’iridoïde améliore la fluidité du sang et joue donc un rôle bénéfique sur des pathologies comme l’hypertension, le diabète et la dyslipidémie.
Plusieurs composés phénoliques ont été identifiés dans le fruit dont l’Acide gentisique (antioxydant et anti-inflammatoire) and l’acide chlorogénique (antioxydant, anti-diabétique, antivirales, antibactériennes et antifongiques).
Le fruit est également riche en lignanes et en coumarines qui ont montrés des effets bénéfiques dans le traitement de l’obésité et des maladies associées.
Les fruits et les feuilles possèdent des flavonoïdes, famille de molécules bien connue pour ses propriétés sur la santé humaine.
On retrouve entre autres :
– La catéchine et l’Épicatéchine, qui selon certaines études, en plus de leurs propriétés antioxydantes, posséderaient un rôle protecteur dans la prévention de certaines pathologies chroniques telles que le diabète de type 2 et l’ostéoporose.
– La rutine or rutinoside, a montré une large diversité d’action, effet antidiabétique, anti-hypercholestérolémie, bénéfique sur l’hypertension, anti-bactérien, antifongique, anti-viral, bénéfique sur la calvitie, contre les dermites atopique, cicatrisant, etc…
– Le Kaempférol, qui est étudié pour ses propriétés anticancéreuse, antioxydant et anti-inflammatoire.
-Des terpènes ont pu être isolés, dont l’Acide ursolique qui posséderait des effets anti-inflammatoires, antioxydants, anti-apoptotiques et anti-cancérigènes.
Un groupe scientifique de l’EFSA a confirmé l’innocuité des feuilles de noni séchées et torréfiées pour la préparation d’infusions de thé aux niveaux d’ingestion prévus.
Cependant, il faut rester prudent sur la consommation des fruits sous formes de jus ou gélule. En effet plusieurs cas d’hépatotoxicité ont été reporté, même s’il n’a pas été prouvé que le noni était directement responsable, la prudence est de mise.
L’Afssa conseille donc de respecter minutieusement les quantités journalières proposées par les fabriquants, c’est-à-dire 30 mL par jour de jus de Noni.
N’abusez donc pas du jus de Noni que vous auriez vous-même préparé.
Il est aussi déconseillé aux enfants et aux femmes enceintes et allaitantes par manque d’information pour le moment.
Bien qu’il y ait eu un gros effet de mode avec le jus de noni qui me laissa dans un premier temps perplexe, j’ai toujours été sensible au rimèd razié de mes anciens, loin de les croire fous.
Si plusieurs communautés dans le monde l’utilisent depuis si longtemps, c’est qu’il doit bien y avoir une raison.
De toute évidence les recherches qui se font de plus en plus nombreuses sur le noni, tendent à dire qu’il posséderait de nombreuses propriétés dû à sa grande richesse en composé phytochimique.
Tout laisse à croire que j’aurais dû croire ma mère et que malgré son odeur et son goût, c’était loin d’être idiot de consommer ce jus « miracle ».
De plus en plus d’études suggèrent que le noni possède d’importantes activités antimicrobiennes et antibactériennes notamment des extraits de feuilles contre Proteus vulgaris , Staphylococcus aureus , Bacillus subtilis, et Escherichia coli.
Ses propriétés bénéfiques sur l’obésité et les maladies associées comme le diabète de type 2 ou l’hypertension commencent à se confirmer.
Mais le sujet reste encore très controversé, l’Union Européenne ne lui reconnait pas de vertus il est donc formellement interdit au sein de l’UE de mentionner quelconques propriétés médicinales sur les emballages de produits à base de noni.
Cependant les recherches avancent, et les résultats sont encourageants, on n’en a pas fini d’apprendre sur ce cher fruit puant mais si bon pour le corps.
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